Mission accomplie

7 février à 6h50, nous arrivions au sommet du Mont Kibo a 5895 m. C'était l'euphorie pour le groupe après que chacun ait vécu ses moments difficiles.

Tout a débuté 5 jours plus tôt avec le début de l'ascension du Kilimandjaro. Pour ma part, je devais me remettre d'une gastro sévère en moins de 24h. Mon stress était au max et je m'inquiétais sur ma capacité de pouvoir suivre le groupe. Suite aux conseils de ma guide, j'ai pu me remettre sur pied rapidement avec la

prise de médicaments que je jugeais inutiles avant de quitter le Québec. Tout allait bien pour Claude.

C'était le début de la vie de campement avec notre équipe de 42 membres locaux qui nous suivaient pour porter les équipements, la nourriture et pour nous guider sur cette immense montagne. A chaque jour, nous changions de camp avec l'objectif de s'acclimater à des niveaux d'altitude plus élevés. Plus que les jours avançaient, plus il devenait difficile de respirer au moindre effort et des maux de tête avaient affligé certaines personnes dont Claude. Pour ma part, je m'adaptais bien sans toutefois avoir complètement résolu mes problèmes gastriques (qui me suivront probablement jusqu'à Montréal). On mangeait quand même très bien avec des menus élaborés.

La veille de l'atteinte du sommet, nous attaquions la dernière paroi très abrupte pour aller dormir au cratère à 150 m du sommet. Pour plusieurs, cette journée fut la plus dure de leur vie. Vous poserez la question à Claude qui lâchait des sacres de découragement car notre camp tardait toujours à apparaître. Nos tentes étaient encrées à quelques mètres des glaces éternelles de cette montagne. La nuit à venir fut compliquée pour tout le groupe en raison de l'altitude et le froid qui y régnaient. Plus personne n'avait d'appétit et la question suivante nous venait tous à l'esprit: "Pourquoi ai-je payé pour vivre cette situation atroce?" 

Le matin venu, nous devions gravir une paroi juste derrière le camp pour atteindre le sommet. L'enneigement exceptionnel rendait les conditions périlleuses lors de cette montée et le guide local ne semblait pas très habile pour faire face à ces conditions. Peu avant 7h sous un lever de soleil radieux, nous mettions les pieds sur le toit de l'Afrique. C'était le bonheur total avec un mélange d'émotions très fortes. Nous étions récompensés après tous les efforts et les difficultés rencontrées.

Un élément paradoxal frappa tout le groupe qui surfait sur toutes sortes d'émotions lorsqu'on nous a avisé du décès d'un grimpeur à environ 100 m du sommet. Il serait âgé de 25 ans. Je ne m'attendais pas à voir un corps inerte comme on en parle dans les récits de l'Everest. Pour réduire les coûts, la majorité des groupes ne pouvant coucher près du sommet par manque d'acclimatation, s'offrent une ascension de nuit au froid pour atteindre le sommet après 7 à 8 h de grimpe. La majorité des gens ne démontrent plus aucun plaisir à la faire et ressemblent plus à des zombis que des alpinistes. Ils doivent également redescendre de 2000m à 3000m pour atteindre un camp inférieur. C'est dans ces circonstances que des situations fatales surviennent. Ça fait partie du risque de la vie en montagne.

Le lendemain de l'atteinte du sommet, une fête nous attendait à la base de la montagne pour souligner notre exploit. Je retiens de cette expérience que tout est possible avec beaucoup de volonté et qu’il faut faire confiance à la vie. Les guides nous servaient de repères essentiels à l'accomplissement de notre projet. Je poursuivrai mon rôle de guide pour mes enfants tant qu'ils auront besoin de moi.

A bientôt!

Jean-Sébastien

Comments

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felicitations! ;-)

[JS]

Merci Suzanne!

[Sue]

J'ai des frissons et stressée juste à lire cet épisode! Que d'émotions tu dégages dans ce magnifique récit ..... Une expérience que tu n'oublieras jamais et l'important message que la confiance en soi peut nous mener très loin dans la vie! Go JS go!